Les rois et les reines

Depuis que nous sommes installés à Bruxelles, nous avons fait plusieurs petits voyages dont nous n'avons pas encore parlé. En fin de semaine, nous avons joué les touristes dans les environs de Paris, plus précisément au Château de Versailles et à Disney Land. Des destinations touristiques un peu quétaines, certes, mais comme on s'est laissé prendre au jeu, c'était mémorable.

Le voyage en bus jusqu'à Paris a été beaucoup, beaucoup trop long. Le chauffeur a fait un détour pas possible dans les banlieues désolées de Paris, laissant aux étudiants responsables de l'activité le loisir de gueuler dans le haut-parleur du bus : « Alors, ici, à droite, LA TOUR EIFFEL ! ». Réveillés en sursaut, tous les voyageurs se tournaient de concert pour découvrir, à leur droite, un stationnement gris avec de vieux entrepôts délabrés. Malheureusement pour notre estime des organisateurs, ceux-ci avaient oublié d'éteindre le micro avant d'éclater de rire, fiers de leur bonne blague, à nos dépens. Ouain. Vers midi, nous arrivions à l’auberge de jeunesse pour déposer nos bagages. L'endroit avait, comment dire... Un certain charme ?

La cour intérieure.

Le restaurant et la salle à manger.

La journée était déjà bien entamée quand nous avons finalement été libérés. Le plan était de visiter Versailles, mais, ne connaissant pas la durée du trajet de train jusque là-bas, et craignant de manquer de temps, nous étions prêts à laisser tomber. Heureusement, nous avons décidé de nous y rendre, et merde si on allait devoir se presser un peu. Needless to say, on ne l'a pas regretté.

Dorure, faste, grandeur et excès. On se félicite pour le régime parlementaire, mais on est content d'avoir gardé les traces du passé.

Salut. J'suis dans un palais.

- C'est lui ! - Non, c'est l'autre !

Je dormirais bien dans ce lit-là, mouwé.

Personnellement, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Si l'idée de visiter un château était intéressante, la chance de le visiter gratuitement (nous sommes citoyens européens pour un temps), puis d'explorer les gigantesques jardins, le hameau de la reine, le Trianon, les vastes plaines et les chemins bucoliques sur lesquels ont trotté les chevaux royaux, alors c'était une belle surprise.

6 kilomètres de long par 4 de large. De l'espace, à perte de vue. Après Paris et Bruxelles, c'est le jardin d'Eden.

Des sculptures surréelles, des arbres coquets, des labyrinthes.

On se rappelait des scènes du film Marie-Antoinette de Sofia Coppola (http://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Antoinette_%28film,_2006%29) qui se déroulaient au domaine de la reine. C'était comme y être.

Des moutons ! À une demie-heure de Paris !

Enfin, j'aurais passé toute la soirée là-bas, mais il fallait rentrer à Paris pour souper à l'auberge, et profiter un peu de la ville. J'ai quitté les jardins en me promettant d'y retourner pendant la belle saison, et peut-être y faire du canot en compagnie des cygnes, bêtes fort accueillantes : 
 

Heille, toié !

Kossé ?

De retour à Paris, nous avons profité de la soirée pour faire un tour de Bateau-Mouches. Si la Ville lumière ne m'avait pas donné la meilleure impression la première fois que j'y suis venu (à mon arrivée en Europe), ce tour de bateau m'a réconcilié avec l'endroit.

Difficile de faire le cynique devant ça.

La nuit à l’hôtel a été assez courte. De mon côté (garçons et filles dormaient dans des chambres séparés), j'ai partagé ma chambre avec un copain mexicain, qui est rentré à trois heures du matin avec une fille que je n'avais jamais vue. Bon. Au matin, ils dormaient l'un sur les couvertures, l'autre en dessous. Manque de chance de mon ami, ou bien la fille n'était qu'une connaissance? Je n'ai pas posé la question! Kiev, de son côté, était encore plus chanceuse : elle dormait en compagnie des SEPT filles responsables de l'activité. Oui oui, les mêmes qui hurlaient des bêtises dans le micro du chauffeur de bus, généreusement traduites en espagnol par une des étudiantes étrangères, puis en anglais cassé par le chauffeur lui-même, qui en rajoutait encore plus. Partant du centre-ville de Paris jusqu'à Disney Land le lendemain matin, nous avons dormi encore un peu.

Et Disney Land? C'était aussi bien qu'on le raconte. Artificiel, peut-être, mais si bien réussi qu'on l'oublie vite, et qu'on n'y pense plus. Ce n'était pas tant les manèges, ni les mascottes, ni les châteaux et la musique, mais tout à la fois. Chaque détail était à sa place pour créer une vraie ambiance, la « magie de Disney », littéralement. Je suis peut-être un éternel enfant, mais j'ai vraiment aimé ça.

Le fait qu'on ne puisse même pas monter à l'intérieur est la chose la plus décevante du monde.

Simples décors, oui. Mais quels décors ! Ça, c'est la maison hantée.

"That moment" où tu ne veux plus croire que c'est juste du béton peinturé.

On n'a pas eu trop d'une journée à passer dans le parc d'attractions. Juste d'y être, c'était un vrai plaisir. Le mieux, je crois, c'était de se balader dans les décors grandeur nature, comme l'arbre des Robinson, ou les cavernes de Pirates des Caraïbes.

Deux secondes plus tard, Kiev ressortait de là en disant : "c'est un labyrinthe, moi j'vas pas là".

Ce que j'ai préféré ? Le petit train qui souffle de la fumée blanche, et qui fait le tour du parc. Un train "vintage" et, au loin, les tours d'un château imaginaire ? Ça vous rappelle pas quelque chose ?

Dans le bus de retour, tout le monde était tellement crevé qu'au bout d'une petite demie-heure, on n'entendait plus que les exhortations de Clint Eastwood, qui menaçait en sourdine des bandits miniatures, sur les vieilles télés de l'autocar. Même les organisateurs, d'habitude si bruyants, dormaient dans leurs sièges. Pourtant, moi, je ne dormais pas. Le front appuyé sur la vitre, je regardais l'autoroute mouillée et les paysages voilés par la nuit, tranquille comme un roi.

Salut. J'suis dans un arbre géant.